L’avenir de l’exploitation minière selon les observations de l’ACPE en 2024

Le Palais des congrès du Toronto métropolitain (MTCC) accueillait les professionnels du secteur minier de partout au monde en mars, et plus de 26 000 personnes ont participé à la Convention 2024 de l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs (ACPE).

La convention offre des réflexions intriguantes sur l’avenir du secteur des métaux et des minerais, incluant la présentation sur les Perspectives de l’industrie minière par la Banque mondiale par un dirigeant du secteur minier, Michael Stanley, qui a plus de 40 ans d’expérience dans le secteur. Stanley a offert aux participants des réflexions ciblant principalement les années 2035 et 2050.

Il a décrit des grandes perturbations dans le secteur, incluant la population mondiale qui croît rapidement. Cette population devrait franchir le cap des 10 millards d’ici le prochain quart de siècle, et la tendance vers des niveaux d’urbanisation de plus en plus élevés s’accentue.

« Alors que les villes se développent, elles ont une consommation fantastique de métaux et de minerais au cours des premières années, » dit Stanley.

Avec un nombre record de villes atteignant une population de 10, 15 et 20 millions, le besoin grandissant pour de l’infrastructure augmentera la demande pour les secteurs de l’exploitation minière et de l’énergie.

« L’énergie est à la base de la croissance et de l’opportunité économique. L’énergie est la pièce maîtresse dans l’évolution de notre société. Elle nous permet d’améliorer nos lieux de travail, nos logements et nos hôpitaux. Elle permet une meilleure livraison de l’éducation. Tout commence avec l’énergie. Et, dans le milieu urbain, elle permet aussi aux gouvernements de fournir de l’éducation et des soins de santé pour les enfants et les personnes âgées, » a dit Stanley.

Demande en cuivre :

Devrait être 2,3 fois plus élevée au cours des 25 prochaines années
Il devrait y avoir une très grosse demande dans environ 11 ans
Le délai moyen de l’industrie entre la découverte et la production est de 14,9 ans

« Nous vivons une transition fantastique, et la demande pour les métaux commence à augmenter, » a dit Stanley à la foule.

Le secteur minier fait face à un autre défi de taille présentement alors qu’il doit augmenter sa production de métaux et de minerais très en demande est un manque d’accès au capital.

« Il est très difficile de transférer des fonds dans plusieurs de ces projets du secteur minier et la raison est parce qu’il y a une perception du risque qui n’existait pas avant, » dit Stanley, ajoutant que l’un des risques liés à la demande est la suffisance et la sécurité, des facteurs importants.

À la Convention de l’ACPE en 2022, les États-Unis et le Canada ont signé un plan d’action commun sur les minerais critiques avec des objectifs et des mesures politiques conçus pour améliorer l’approvisionnement en minerais à la source, a expliqué Stanley.

« C’est pour s’assurer que la production de minerais puisse soutenir la croissance économique, la compétitivité et la création d’emplois. Le tout favorise des mesures en faveur du climat et la protection environnementale, faisant progresser la réconciliation avec les peuples autochtones, favorisant la diversité et les main-d’œuvres inclusives et assurant des partenariats de sécurité mondiale. Les métaux sont devenus un actif important très stratégique pour les gouvernements nationaux au niveau de la demande avec le temps, » a dit Stanley.

Il a ajouté que pour que le plan d’action commun réussisse, il y avait quelques mises en garde par rapport à ce programme.

« La première est que pour que le tout fonctionne, vous devez avoir des règles du jeu équitables parmi les producteurs de ressources minérales, et ces derniers doivent tous respecter les règles sans exception. Deuxièmement, les gouvernements doivent continuer leur engagement envers ceci et ne peuvent pas avoir de revirements. Ils ne peuvent pas avoir de passe-droits ou d’exceptions à certaines places. Et troisièmement, il est de la responsabilité de la Banque mondiale et de d’autres partenaires de développement de travailler avec ces gouvernements d’où viennent l’approvisionnement, pour s’assurer d’une bonne gouvernance et que nous soyons en mesure d’atteindre ces objectifs tels qu’établis par la politique canadienne, » a dit Stanley.

Bâtir la confiance au sein des communautés

Une autre session très achalandée à la Convention 2024 était « L’exploration à la rencontre des opérations : Des chaînes de valeur durables pour les minerais critiques, » qui était une table ronde ciblant des idées pour créer la capacité aux sein des communautés autochtones et mettre en place des transitions d’énergie verte dans la chaîne de valeur.

Table ronde :

La présidente Kirsty Liddicoat, cheffe de l’exploitation chez Northern Graphite (Laval (QC));
Geneviève Morinville, vice-présidente de la durabilité et des affaires réglementaires pour Ressources Winsome (Val-d'Or (QC));
Valerie Taggart, coordonnatrice de projet pour la Première nation algonquine de Pikwakanagan (Pikwakanagan (ON));
Blair Way, PDG de Patriot Battery Metals (Brisbane, Australie); et
Stephen Crozier, vice-président de la durabilité pour Wyloo Ring of Fire Metals (Toronto (ON)).

Crozier a discuté de certains obstacles à la création de liens de confiance solides avec les gouvernements et les communautés et au respect des engagements lorsque la géologie est au rendez-vous avec des développements qui peuvent respecter des conditions que toutes les parties peuvent accepter.

« Le cercle de feu fait l’objet de discussions depuis longtemps. Parmi plusieurs thèmes importants, je pense que l’un d’entre eux qui était convaincant et qui dominait notre analyse précoce de la façon dont nous pourrions définir une voie à suivre est la confiance. Le problème est le manque de confiance, » a-t-il dit.

Selon ses 15 ans d’expérience au sein de l’industrie, Crozier a dit, en des termes plus généraux, que le secteur fait face à des défis dans la façon dont il gère l’information.

« Nous avons tendance à gérer l’information de façon très cloisonnée. L’information ne circule pas librement entre les fonctions pertinentes à l’interne. Elle ne circule pas librement à l’externe non plus. Et ceci crée de gros problèmes en matière de gouvernance, pour ce qui est de s’assurer qu’une expertise pertinente puisse adresser les problèmes pour lesquels cette expertise est requise, et ceci affecte notre capacité à créer des liens de confiance, » a-t-il dit.

Morinville a dit qu’en ce qui a trait au développement des ressources minérales aujourd’hui, l’industrie doit avoir une performance environnementale très élevée et une performance toute aussi élevée avec les relations avec les peuples autochtones, les relations avec le gouvernement et le grand public.

« Nous nous sommes entretenus avec notre équipe locale au Québec et avons réfléchi aux valeurs clés que nous voulions trouver nous-mêmes en tant qu’entreprise parce que nous serons ceux sur le terrain, et ceci signifie aussi que nous développons notre entreprise localement et nous voulons que ceux qui se joignent à l’entreprise partagent nos valeurs, » a-t-elle dit.

Comme les entreprises qui explorent la production de ressources minérales sont préoccupées par leur impact sur l’environnement et les communautés, ces projets devraient être perçus comme une occasion de travailler avec les territoires des peuples autochtones et les communautés environnantes pour s’assurer que des analyses d’impact appropriées soient effectuées ainsi que des analyses approfondies de l’engagement communautaire. Taggart a offert des suggestions pour les façons de générer un engagement significatif auprès des communautés autochtones.

« Les Algonquins de Pikwakanagan croient que plus un peuple autochtone est mis au courant et est impliqué tôt dans un projet, même aussi tôt que la phase de conception, mieux il en vaudra pour toutes les parties. Plus les phases de planification et de développement sont transparentes, plus le peuple autochtone est impliqué dans diverses études qui soutiennent le résultat d’un projet de façon concrète et tangible, meilleurs seront les résultats généraux d’un projet, » a-t-elle dit.

Taggert a ajouté que les promoteurs doivent commencer à regarder l’engagement du peuple autochtone d’un autre œil :

Une fois qu’un site est reconnu comme étant viable, avant même que les experts scientifiques occidentaux soient impliqués, les communautés autochtones qui risquent d’être affectées devraient être approchées.
Les peuples autochtones pourraient alors appuyer la réalisation d’une étude sur l’utilisation de leur terre dans le cadre d’un projet.

« La conclusion de l’étude indiquera clairement l’impact qu’une mine peut avoir sur les gens qui utilisent la terre et les plantes, la terre, l’eau et les animaux sur ou à proximité d’un site minier potentiel, » Taggert a expliqué.

L’essentiel :

Bien qu’il soit perçu que plusieurs obstacles existent pour la croissance future du secteur minier au Canada, il y a plusieurs occasions d'exploiter de façon plus durable tout en soutenant un avenir plus prospère pour l’industrie et les communautés avoisinantes. Les entreprises qui planifient d’avance pour obtenir l’accès au capital, satisfont aux exigences réglementaires actuelles et futures et créent des liens solides avec les communautés autochtones seront bien placées pour un avenir rayonnant.

Cet article fait partie de l’édition d’avril 2024 de notre bulletin mensuel Coin des experts. Restez à l’affût des dernières observations, des dernières tendances et des caractéristiques exclusives livrées directement dans votre boîte de réception. Inscrivez-vous maintenant pour recevoir nos futurs bulletins et rester branché à l’expertise et aux innovations de l’industrie.